Notes et transcriptions du cours “Gérez votre serveur Linux et ses services” disponible sur la plateforme Openclassrooms.
Dans ce chapitre, je vous propose de voir une autre forme de proxy qu’on trouve couramment dans les entreprises : le proxy-cache.
Il y a différentes formes de serveurs de cache possible. Le type de serveur cache que vous verrez ici se place sur le réseau des clients, en intermédiaire avec des sites Internet distants.
Ainsi, si tous les utilisateurs d’un même réseau local passent par un proxy-cache, lorsque le premier utilisateur va télécharger des fichiers sur Internet, ils seront stockés sur le proxy-cache. Si un deuxième utilisateur demande les mêmes fichiers, ils seront pris dans le proxy-cache, sauf si entre temps ils ont été modifiés sur le site distant. L’utilisation d’un proxy-cache peut donc permettre un accès plus rapide aux utilisateurs, et un gain de bande passante au niveau de la connexion Internet. Schéma de fonctionnement d'un proxy-cache où on voit que les utilisateurs passent par le proxy-cache pour accéder à Internet.
Un proxy-cache fait l'intermédiaire entre des utilisateurs et des serveurs distants
Un autre intérêt d’un cache local est qu’il peut autoriser ou interdire l’accès à certaines ressources en ligne : sites web, ports/services, etc. Il est alors possible de mettre en place une politique de sécurité globale pour tout un réseau local.
Il y a plusieurs façons d’utiliser un proxy-cache :
Pour mettre en place ce proxy-cache, je vous propose d’utiliser le logiciel Squid.
Sur votre serveur Ubuntu, vous pouvez installer Squid par la commande :
apt install squid
Toute la configuration se fait ensuite dans le fichier /etc/squid/squid.conf
. Dans ce fichier, toutes les lignes commençant par #
sont des commentaires. Sous Ubuntu, il est abondamment commenté et fait 7 980 lignes !
Vous pouvez voir le contenu de ce fichier débarrassé des commentaires et des lignes vides par la commande :
grep -vE “^#|^$” /etc/squid/squid.conf
La commande retourne :
acl SSL_ports port 443 acl Safe_ports port 80 # http acl Safe_ports port 21 # ftp acl Safe_ports port 443 # https acl Safe_ports port 70 # gopher acl Safe_ports port 210 # wais acl Safe_ports port 1025-65535 # unregistered ports acl Safe_ports port 280 # http-mgmt acl Safe_ports port 488 # gss-http acl Safe_ports port 591 # filemaker acl Safe_ports port 777 # multiling http acl CONNECT method CONNECT http_access deny !Safe_ports http_access deny CONNECT !SSL_ports http_access allow localhost manager http_access deny manager http_access allow localhost http_access deny all http_port 3128 coredump_dir /var/spool/squid refresh_pattern ^ftp: 1440 20% 10080 refresh_pattern ^gopher: 1440 0% 1440 refresh_pattern -i (/cgi-bin/|\?) 0 0% 0 refresh_pattern (Release|Packages(.gz)*)$ 0 20% 2880 refresh_pattern . 0 20% 4320
Toutes les lignes commencent par une directive. Ici vous voyez acl
, http_access
, http_port
, coredump
et refresh_pattern
et il en existe bien d’autres !
La directive http_port
indique l’adresse et le port sur lesquels écoute Squid. Par défaut, Squid écoute sur toutes les interfaces réseau sur le port 3128. Vous pouvez configurer plusieurs directives http_port pour que Squid écoute sur plusieurs adresses ou ports.
La directive coredump_dir
indique le répertoire dans lequel Squid peut écrire des fichiers core
qui sont des fichiers d’erreur.
Les directives refresh_pattern
précisent les règles qui établissent si un fichier est “frais” ou “périmé”. Un fichier “périmé” est supprimé du cache. Vous pouvez laisser les règles par défaut.
Les directives les plus importantes à connaître sont acl
et http_access
. ACL signifie Access Control List. Les ACL sont donc des critères de contrôle d’accès qui seront ensuite utilisés par la directive http_access
pour autoriser ou interdire les connexions HTTP en fonction de ces critères.
Concernant la directive acl
:
src
(source), dst
(destination), port
et time
(temps).
Dans la configuration par défaut, vous pouvez voir qu’une ACL Safe_ports
est définie. Elle regroupe un ensemble de ports TCP courants et considérés comme sûrs, auxquels vous pourrez donner accès à vos utilisateurs.
La directive http_access
est suivie de allow
ou deny
pour autoriser ou interdire l’accès au proxy-cache. Le dernier champ est le nom de l’ACL qui va être évaluée pour autoriser ou interdire l’accès. Le nom de l’ACL peut être précédé d’un !
pour indiquer “le contraire” de l’ACL. Par exemple, par défaut, la première directive http_access
est :
http_access deny !Safe_ports
Elle signifie “Accès interdit à tous les ports sauf les ports définis dans l’ACL Safe_ports”.
Les directives http_access
sont lues dans l’ordre, et sont exécutées dès qu’une règle correspond. Il est donc recommandé de toujours terminer par :
http_access deny all
pour interdire l’accès si aucune autre règle ne correspond.
Dans les règles par défaut, vous pouvez voir les règles suivantes :
http_access allow localhost manager http_access deny manager
qui n’autorisent l’accès à une règle “manager” qu’en local. Squid est fourni avec un Cache Manager qui est une interface web de gestion du cache. Vous pouvez y accéder également en ligne de commande avec l’outil squidclient
. Pour avoir un aperçu, installez le paquet squidclient
et lancez la commande squidclient mgr:info
.
Maintenant que vous connaissez les principales directives de Squid, vous allez pouvoir créer vos propres règles dans le cadre d’une petite étude de cas.
Imaginez que vous administrez le réseau d’une petite entreprise. Cette entreprise comporte une vingtaine de postes bureautiques, dont votre machine “vm-client” fait partie. Vous mettez en place un proxy-cache sur la machine “vm-server”, et vous avez configuré le réseau pour que les accès web des postes bureautiques passent obligatoirement par votre proxy-cache. Voici la politique de sécurité qu’on vous demande d’appliquer :
Commencez par sauvegarder le fichier squid.conf
à titre de référence :
cd /etc/squid && sudo cp squid.conf squid.conf.defaults
puis créez un nouveau fichier squid.conf
avec les mêmes droits. Dans ce fichier, commencez par définir les directives générales de fonctionnement de Squid :
http_port 192.168.29.1:3128 coredump_dir /var/spool/squid refresh_pattern ^ftp: 1440 20% 10080 refresh_pattern ^gopher: 1440 0% 1440 refresh_pattern -i (/cgi-bin/|\?) 0 0% 0 refresh_pattern (Release|Packages(.gz)*)$ 0 20% 2880 refresh_pattern . 0 20% 4320
Vous avez repris les directives par défaut, sauf pour la directive http_port
. Squid doit être utilisé par les utilisateurs de votre réseau local et ne doit pas écouter sur l’interface publique du serveur : vous précisez donc l’IP interne de votre serveur.
acl SSL_ports port 443 acl Safe_ports port 80 # http acl Safe_ports port 443 # https acl CONNECT method CONNECT
Reprenez les directives relatives aux ports 80 et 443.
Pour configurer l’accès à Facebook uniquement entre 12 h et 14 h, vous devez utiliser deux nouveaux types d’ACL :
acl Faceblock dstdomain .facebook.com acl Faceblock_hours time M T W T F 12:00-14:00
Le type dstdomain
permet de filtrer sur le domaine de destination, et le type time
permet d’indiquer des jours (M pour Monday, T pour Tuesday, etc. ; ici c’est du lundi au vendredi) et des créneaux horaires.
Les ACL sont définies, vous allez pouvoir les utiliser dans des directives http_access
. Commencez par ce qui est autorisé, et terminez par ce qui est interdit.
http_access deny !Safe_ports http_access deny CONNECT !SSL_ports http_access allow localhost manager http_access deny manager http_access allow localhost http_access allow Faceblock Faceblock_hours http_access allow !Faceblock http_access deny all
Pour la directive http_access
, vous pouvez indiquer deux noms d’ACL à la suite. Les ACL doivent alors être vraies en même temps (comme un opérateur logique ET). Ainsi vous autorisez l’accès quand les ACL “Faceblock” et “Faceblock_hours” sont vraies en même temps. Dans la règle suivante, vous autorisez l’accès à tout sauf “Faceblock”.
Enregistrez votre fichier et redémarrez Squid :
systemctl restart squid
Il ne vous reste plus qu’à configurer le navigateur de votre client pour utiliser votre proxy.
Sur votre machine cliente, le navigateur Firefox est installé par défaut. Pour configurer l’utilisation d’un proxy, allez dans “Préférences” puis tout en bas de la page, vous verrez la configuration “Proxy Réseau” (Network Proxy). Cliquez alors sur le bouton Paramètres… (Settings…).
Dans les paramètres, cliquez sur “Configuration manuelle du Proxy”, rentrez le nom du serveur proxy-cache dans “HTTP Proxy” et le port sur lequel écoute Squid. Enfin, cochez la case “Utiliser également ce proxy pour HTTPS“.
Depuis votre client, vous utilisez maintenant votre proxy-cache pour naviguer, comme vous pouvez le voir en essayant de vous connecter à Facebook.
Bravo, vous savez maintenant configurer un proxy-cache. Dans le prochain chapitre, nous allons initier une réflexion sur la problématique de la croissance de votre site, et les différentes manières d’aborder cette problématique.