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cours:informatique:sysadmin:gerer_serveur_linux_et_services:330_proxy_cache_squid

Notes et transcriptions du cours “Gérez votre serveur Linux et ses services” disponible sur la plateforme Openclassrooms.

Configurez un proxy-cache avec Squid

Dans ce chapitre, je vous propose de voir une autre forme de proxy qu’on trouve couramment dans les entreprises : le proxy-cache.

Il y a différentes formes de serveurs de cache possible. Le type de serveur cache que vous verrez ici se place sur le réseau des clients, en intermédiaire avec des sites Internet distants.

Ainsi, si tous les utilisateurs d’un même réseau local passent par un proxy-cache, lorsque le premier utilisateur va télécharger des fichiers sur Internet, ils seront stockés sur le proxy-cache. Si un deuxième utilisateur demande les mêmes fichiers, ils seront pris dans le proxy-cache, sauf si entre temps ils ont été modifiés sur le site distant. L’utilisation d’un proxy-cache peut donc permettre un accès plus rapide aux utilisateurs, et un gain de bande passante au niveau de la connexion Internet. Schéma de fonctionnement d'un proxy-cache où on voit que les utilisateurs passent par le proxy-cache pour accéder à Internet.

Un proxy-cache fait l'intermédiaire entre des utilisateurs et des serveurs distants

Un autre intérêt d’un cache local est qu’il peut autoriser ou interdire l’accès à certaines ressources en ligne : sites web, ports/services, etc. Il est alors possible de mettre en place une politique de sécurité globale pour tout un réseau local.

Il y a plusieurs façons d’utiliser un proxy-cache :

  • son utilisation peut être optionnelle et l’accès direct à Internet peut être possible également (si on n’est intéressé que par le côté performance, par exemple) ;
  • son utilisation peut être obligatoire et explicite : le seul moyen d’accéder à Internet est alors de passer à travers le proxy-cache, mais les utilisateurs doivent configurer manuellement leur navigateur (ou autre application) pour utiliser ce proxy-cache ;
  • son utilisation peut être obligatoire et implicite : le seul moyen d’accéder à Internet est de passer à travers le proxy-cache, mais les utilisateurs n’ont pas besoin de configurer leur navigateur, leur connexion passe par le proxy-cache de manière transparente.
En France et dans beaucoup de pays, il y a une obligation légale d’informer les utilisateurs de la collecte et de l’utilisation de leurs données qui pourraient être faites dans le cadre de la mise en place d’un proxy-cache. Dans une entreprise, les utilisateurs peuvent par exemple être amenés à signer une charte de bon usage du réseau, qui précise les données collectées par le proxy et l’usage qui est fait de ces données.

Pour mettre en place ce proxy-cache, je vous propose d’utiliser le logiciel Squid.

Installez le proxy-cache Squid

Sur votre serveur Ubuntu, vous pouvez installer Squid par la commande :

apt install squid

Toute la configuration se fait ensuite dans le fichier /etc/squid/squid.conf. Dans ce fichier, toutes les lignes commençant par # sont des commentaires. Sous Ubuntu, il est abondamment commenté et fait 7 980 lignes !

Vous pouvez voir le contenu de ce fichier débarrassé des commentaires et des lignes vides par la commande :

grep -vE “^#|^$” /etc/squid/squid.conf

La commande retourne :

acl SSL_ports port 443
acl Safe_ports port 80       # http
acl Safe_ports port 21       # ftp
acl Safe_ports port 443       # https
acl Safe_ports port 70       # gopher
acl Safe_ports port 210       # wais
acl Safe_ports port 1025-65535    # unregistered ports
acl Safe_ports port 280       # http-mgmt
acl Safe_ports port 488       # gss-http
acl Safe_ports port 591       # filemaker
acl Safe_ports port 777       # multiling http
acl CONNECT method CONNECT
http_access deny !Safe_ports
http_access deny CONNECT !SSL_ports
http_access allow localhost manager
http_access deny manager
http_access allow localhost
http_access deny all
http_port 3128
coredump_dir /var/spool/squid
refresh_pattern ^ftp:       1440    20% 10080
refresh_pattern ^gopher:    1440 0% 1440
refresh_pattern -i (/cgi-bin/|\?) 0    0% 0
refresh_pattern (Release|Packages(.gz)*)$      0       20%     2880
refresh_pattern .       0    20% 4320

Toutes les lignes commencent par une directive. Ici vous voyez acl, http_access, http_port, coredump et refresh_pattern et il en existe bien d’autres !

La directive http_port indique l’adresse et le port sur lesquels écoute Squid. Par défaut, Squid écoute sur toutes les interfaces réseau sur le port 3128. Vous pouvez configurer plusieurs directives http_port pour que Squid écoute sur plusieurs adresses ou ports.

La directive coredump_dir indique le répertoire dans lequel Squid peut écrire des fichiers core qui sont des fichiers d’erreur.

Les directives refresh_pattern précisent les règles qui établissent si un fichier est “frais” ou “périmé”. Un fichier “périmé” est supprimé du cache. Vous pouvez laisser les règles par défaut.

Les directives les plus importantes à connaître sont acl et http_access. ACL signifie Access Control List. Les ACL sont donc des critères de contrôle d’accès qui seront ensuite utilisés par la directive http_access pour autoriser ou interdire les connexions HTTP en fonction de ces critères.

Concernant la directive acl :

  • le 2e champ représente le nom de l’ACL. Plusieurs directives ACL avec le même nom vont cumuler les critères de chaque directive.
  • le 3e champ indique le type d’ACL. Il existe de nombreux types, mais les plus importants sont src(source), dst(destination), port et time(temps).
  • le 4e champ indique la valeur. En fonction du type, cette valeur pourra être l’adresse d’un réseau, d'un port, etc.

Dans la configuration par défaut, vous pouvez voir qu’une ACL Safe_ports est définie. Elle regroupe un ensemble de ports TCP courants et considérés comme sûrs, auxquels vous pourrez donner accès à vos utilisateurs.

La directive http_access est suivie de allow ou deny pour autoriser ou interdire l’accès au proxy-cache. Le dernier champ est le nom de l’ACL qui va être évaluée pour autoriser ou interdire l’accès. Le nom de l’ACL peut être précédé d’un ! pour indiquer “le contraire” de l’ACL. Par exemple, par défaut, la première directive http_access est :

http_access deny !Safe_ports

Elle signifie “Accès interdit à tous les ports sauf les ports définis dans l’ACL Safe_ports”.

Les directives http_access sont lues dans l’ordre, et sont exécutées dès qu’une règle correspond. Il est donc recommandé de toujours terminer par :

http_access deny all

pour interdire l’accès si aucune autre règle ne correspond.

Dans les règles par défaut, vous pouvez voir les règles suivantes :

http_access allow localhost manager
http_access deny manager

qui n’autorisent l’accès à une règle “manager” qu’en local. Squid est fourni avec un Cache Manager qui est une interface web de gestion du cache. Vous pouvez y accéder également en ligne de commande avec l’outil squidclient. Pour avoir un aperçu, installez le paquet squidclient et lancez la commande squidclient mgr:info.

Maintenant que vous connaissez les principales directives de Squid, vous allez pouvoir créer vos propres règles dans le cadre d’une petite étude de cas.

Créez vos propres règles Squid dans le cadre d’une étude de cas

Imaginez que vous administrez le réseau d’une petite entreprise. Cette entreprise comporte une vingtaine de postes bureautiques, dont votre machine “vm-client” fait partie. Vous mettez en place un proxy-cache sur la machine “vm-server”, et vous avez configuré le réseau pour que les accès web des postes bureautiques passent obligatoirement par votre proxy-cache. Voici la politique de sécurité qu’on vous demande d’appliquer :

  • Les utilisateurs ne peuvent se connecter qu’aux services HTTP et HTTPS sur les ports par défaut.
  • Les utilisateurs ne peuvent consulter Facebook qu’entre 12 h et 14 h.

Commencez par sauvegarder le fichier squid.conf à titre de référence :

cd /etc/squid && sudo cp squid.conf squid.conf.defaults

puis créez un nouveau fichier squid.conf avec les mêmes droits. Dans ce fichier, commencez par définir les directives générales de fonctionnement de Squid :

http_port 192.168.29.1:3128
coredump_dir /var/spool/squid
refresh_pattern ^ftp:       1440    20% 10080
refresh_pattern ^gopher:    1440 0% 1440
refresh_pattern -i (/cgi-bin/|\?) 0    0% 0
refresh_pattern (Release|Packages(.gz)*)$      0       20%     2880
refresh_pattern .       0    20% 4320

Vous avez repris les directives par défaut, sauf pour la directive http_port. Squid doit être utilisé par les utilisateurs de votre réseau local et ne doit pas écouter sur l’interface publique du serveur : vous précisez donc l’IP interne de votre serveur.

acl SSL_ports port 443
acl Safe_ports port 80       # http
acl Safe_ports port 443       # https
acl CONNECT method CONNECT

Reprenez les directives relatives aux ports 80 et 443.

Pour configurer l’accès à Facebook uniquement entre 12 h et 14 h, vous devez utiliser deux nouveaux types d’ACL :

acl Faceblock  dstdomain .facebook.com
acl Faceblock_hours time M T W T F 12:00-14:00

Le type dstdomain permet de filtrer sur le domaine de destination, et le type time permet d’indiquer des jours (M pour Monday, T pour Tuesday, etc. ; ici c’est du lundi au vendredi) et des créneaux horaires.

Les ACL sont définies, vous allez pouvoir les utiliser dans des directives http_access. Commencez par ce qui est autorisé, et terminez par ce qui est interdit.

http_access deny !Safe_ports
http_access deny CONNECT !SSL_ports
http_access allow localhost manager
http_access deny manager
http_access allow localhost
http_access allow Faceblock Faceblock_hours

http_access allow !Faceblock
http_access deny all

Pour la directive http_access, vous pouvez indiquer deux noms d’ACL à la suite. Les ACL doivent alors être vraies en même temps (comme un opérateur logique ET). Ainsi vous autorisez l’accès quand les ACL “Faceblock” et “Faceblock_hours” sont vraies en même temps. Dans la règle suivante, vous autorisez l’accès à tout sauf “Faceblock”.

Enregistrez votre fichier et redémarrez Squid :

systemctl restart squid

Il ne vous reste plus qu’à configurer le navigateur de votre client pour utiliser votre proxy.

Configurez un navigateur client pour utiliser votre proxy-cache

Sur votre machine cliente, le navigateur Firefox est installé par défaut. Pour configurer l’utilisation d’un proxy, allez dans “Préférences” puis tout en bas de la page, vous verrez la configuration “Proxy Réseau” (Network Proxy). Cliquez alors sur le bouton Paramètres… (Settings…).

Dans les paramètres, cliquez sur “Configuration manuelle du Proxy”, rentrez le nom du serveur proxy-cache dans “HTTP Proxy” et le port sur lequel écoute Squid. Enfin, cochez la case “Utiliser également ce proxy pour HTTPS“.

Depuis votre client, vous utilisez maintenant votre proxy-cache pour naviguer, comme vous pouvez le voir en essayant de vous connecter à Facebook.

En résumé

  • Un proxy-cache fait l’intermédiaire entre des utilisateurs et Internet.
  • Un proxy-cache peut permettre d’améliorer la sécurité et la performance de votre réseau.
  • Squid est un des proxy-caches les plus répandus et les plus puissants.
  • Squid utilise un système sophistiqué d’ACL pour définir la politique de sécurité qui vous correspond.

Bravo, vous savez maintenant configurer un proxy-cache. Dans le prochain chapitre, nous allons initier une réflexion sur la problématique de la croissance de votre site, et les différentes manières d’aborder cette problématique.

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cours/informatique/sysadmin/gerer_serveur_linux_et_services/330_proxy_cache_squid.txt · Dernière modification : 2024/05/02 10:41 de yoann