Les directives CMD et ENTRYPOINT utilisées dans le Dockerfile permettent toutes les deux de définir une commande initiale présente dans l'image qui sera invoquée au démarrage du conteneur.
Ces deux directives existent et présentent quelques différences. Selon les besoins on utilisera l'une, l'autre ou les deux.
Au final, CMD ou ENTRYPOINT permet d'identifier quel fichier exécutable devrait être invoqué lorsque le conteneur est démarré à partir de l'image.
Tenter de démarrer une image qui ne contient aucune directive CMD ou ENTRYPOINT retourne une erreur:
docker run alpine FATA[0000] Error response from daemon: No command specified
La commande définie dans le Dockerfile peut être redéfinie sur la ligne de commande en spécifiant un argument après le nom de l'image:
docker run --rm --name test_cmd -t busybox:1.34-glibc /bin/sh -c "ping -c 2 localhost" PING localhost (127.0.0.1): 56 data bytes 64 bytes from 127.0.0.1: seq=0 ttl=64 time=0.056 ms 64 bytes from 127.0.0.1: seq=1 ttl=64 time=0.089 ms --- localhost ping statistics --- 2 packets transmitted, 2 packets received, 0% packet loss round-trip min/avg/max = 0.056/0.072/0.089 ms
On peut également redéfinir la valeur de l' ENTRYPOINT via l'option --entrypoint, dans ce cas l'option est placée avant le nom de l'image:
docker run --rm --name test_cmd --entrypoint hostname -t busybox:1.34-glibc 636ecd585d67
Comme il est plus simple pour l'usager final de redéfinir la directive CMD, la recommandation générale est de l'utiliser de préférence dans le Dokerfile quand on souhaite permettre à l'utilisateur de choisir quel exécutable il souhaite invoquer lors du démarrage du conteneur (offrir à l'utilisateur de la flexibilité).
Au contraire la directive ENTRYPOINT s'utilise plutôt dans les cas ou le conteneur définit un environnement particulier pour un exécutable, un service et qu'il n' est pas prévu que l'usager final redéfinisse cet exécutable.
La même chose est faisable avec la directive CMD cependant l'usage de ENTRYPOINT envoi un signal fort indiquant que le conteneur est conçu exclusivement dans le but d’invoquer correctement cet exécutable.
Les directives CMD et ENTRYPOINT supportent les deux formes d'invocation possibles: shell ou exec.
Dans l'extrait ci-dessous le Dockerfile utilise l'invocation shell
FROM debian:stretch-slim RUN apt-get update && apt-get install -y iputils-ping procps # Syntaxe pour invocation type shell CMD ping localhost
Si on crée l'image puis le conteneur, tout fonctionne normalement
# création de l'image à partir du Dockerfile présent dans le répertoire courant docker image build -t "phobos/debian:shell" . # Création d'un conteneur utilisant cette image docker container run --rm --detach --name debian_shell phobos/debian:shell # Si on affiche les conteneur en cours d’exécution on peut lire la commande lancée # dans notre conteneur docker container list CONTAINER ID IMAGE COMMAND CREATED NAMES 886ab5702130 phobos/debain:shell "/bin/sh -c 'ping lo…" 30 seconds ago busybox_shell # Si on affiche les processus s'exécutant depuis l'intérieur du conteneur docker container exec debian_shell ps -f UID PID PPID C STIME TTY TIME CMD root 1 0 0 17:23 ? 00:00:00 /bin/sh -c ping localhost root 7 1 0 17:23 ? 00:00:00 ping localhost root 8 0 0 17:25 ? 00:00:00 ps -f
On visualise qu'en effet le processus avec le PID 1 est un shell demandant l’exécution de la commande ping. La commande ping est le processus fils avec ici le PID 7, il a bien pour parent ( PPID 1) le shell.
Ce mode de fonctionnement peut poser des problèmes dans le cas ou l'on souhaite communiquer avec le processus via des signaux POSIX car le shell ne communiquera pas ces signaux aux processus enfants.
Un autre problème pouvant se présenter en cas de construction d'une image minimale, c'est l'absence d'un shell. Lorsque Docker construit la commande a exécuter, il ne vérifie pas la présence du shell à l'intérieur du conteneur, si le binaire /bin/sh n'est pas présent dans l'image le démarrage du conteneur échouera systématiquement.
Une meilleure option est donc d'utiliser la forme d'invocation exec
Pour notre exemple le Dockerfile prend alors la forme suivante:
FROM debian:stretch-slim RUN apt-get update && apt-get install -y iputils-ping procps # Syntaxe pour invocation type exec CMD ["/bin/ping", "localhost"]
# Construction d'une nouvelle image docker image build -t "phobos/debian:exec" . # Création du conteneur avec la nouvelle image docker container run --detach --rm --name debian_exec phobos/debian:exec # affiche les processus en cours d'execution # visibles depuis l’intérieur du conteneur docker container exec debian_exec ps -f UID PID PPID C STIME TTY TIME CMD root 1 0 0 17:43 ? 00:00:00 /bin/ping localhost root 7 0 0 17:44 ? 00:00:00 ps -f
Cette fois on voit que la commande s’exécute directement sans intervention intermédiaire du shell avec le PID 1.
Jusqu'à présent on a proposé d'utiliser soit CMD soit ENTRYPOINT mais pas les deux conjointement. Ce cas peut cependant s'avérer utile.
La combinaison des directives ENTRYPOINT et CMD permet de spécifier l' exécutable par défaut pour l'image tout en fournissant à l'utilisateur une façon simple de redéfinir certains arguments ou options.
RUN apt-get update && apt-get install -y iputils-ping procps # Binaire et options non modifiables ENTRYPOINT ["/bin/ping", "-c", "10"] # Arguments et options redéfinissables # facilement par l'utilisateur CMD ["localhost"]
# Création d'une nouvelle image docker image build -t "phobos/debian:together" . # Création et exécution d'un conteneur basé sur la nouvelle image docker container run --rm --name test_together -t phobos/debian:together docker container ps -a CONTAINER ID IMAGE COMMAND CREATED STATUS 14dcebd6b360 phobos/debian:together "/bin/ping -c 10 localhost" 45 seconds ago Exited (0) 34 seconds ago
On note que la commande exécutée dans le conteneur est une combinaison de d' ENTRYPOINT et de CMD. Quand les deux directives existent dans le Dockerfile, les valeurs de CMD sont ajoutées à celle d' ENTRYPOINT pour créer la commande à exécuter dans le conteneur.
Les valeurs définies via CMD pouvant facilement être redéfinies par l'utilisateur (par ajout d'un ou plusieurs arguments après le nom de l'image dans la commande “docker run”), on peut utiliser ce comportement pour proposer une option par défaut indéfinissable par l'utilisateur.
Dans l'exemple ci-dessus la cible par défaut “localhost” peut être remplacé à l'execution de la manière suivante:
# Création d'un conteneur avec redéfinition des arguments par défaut docker container run phobos/debian:together gateway.phobos.lan # Liste les conteneurs existants docker container ps -a CONTAINER ID IMAGE COMMAND CREATED STATUS 1f0e6fd6d6de phobos/debian:together "/bin/ping -c 10 gateway.phobos.lan" About a minute ago Exited (0) 58 seconds ago ...
Dans ce cas exécuter l’exécution du conteneur s'apparente à la manière d’exécuter toute autre commande: on indique le nom de la commande suivie des arguments que l'on souhaite passer à cette commande.
Lorsqu'on utilise ENTRYPOINT et CMD conjointement il est impératif de toujours utiliser la forme d'invocation via exec. Essayer d'utiliser l'invocation via shell ou de mixer les méthodes d'invocation shell/exec ne donnera pas le résultat attendu.
Dockerfile | Commande invoquée |
---|---|
ENTRYPOINT /bin/ping -c 3 CMD localhost | /bin/sh -c '/bin/ping -c 3' /bin/sh -c localhost |
ENTRYPOINT ["/bin/ping","-c","3"] CMD localhost | /bin/ping -c 3 /bin/sh -c localhost |
ENTRYPOINT /bin/ping -c 3 CMD ["localhost"] | /bin/sh -c '/bin/ping -c 3' localhost |
ENTRYPOINT ["/bin/ping","-c","3"] CMD ["localhost"] | /bin/ping -c 3 localhost |
Une seule de ces combinaisons aboutie à une ligne de commande valide: celle qui utilise les formes d'invocation exec à la fois pour ENTRYPOINT et CMD.